Alors que la semaine d’ouverture de la Biennale de Venise bat son plein, Jerry Bouthier (Ponystep/Kitsuné) est venu aux platines de la soirée que donnait le 2 juin Kamel Mennour à la Scuola Grande Di San Rocco (programmation musicale par Collectif Combo), en l’honneur de Sigalit Landau, l’artiste choisie pour le Pavillon israélien. Sous les gigantesques tableaux du Tintore qui font de la Scuola la digne rivale vénitienne de la chapelle Sixtine, se déroulait la réception que dominait un large écran diffusant les vidéos les plus connues de l’artiste, à commencer par DeadSee (vidéo ci-dessous).
Présentant son projet One man’s floor is another man’s feeling autour de la notion de territoire, de contrôle de l’eau, de sable et de sel, et d’assèchement, Sigalit Landau a réussi l’un des pavillons les plus aboutis. Des tuyaux qui détournent de l’eau dans des ruines ou des caves, on passe à une vidéo vue en plongée où 3 hommes lancent leurs canifs sur le sable pour tracer des frontières éternellement effacées et retracées dans un ballet aux allures de capoeira… Des femmes nues grattent inlassablement le sable de marques recouvertes par les flots. Des chaussures se cristallisent de sel sous l’effet du froid et de l’immobilisme dans un lac à Gdansk par un très lent mais inévitable processus. Un filet de pêche se transforme en masse organique informe après avoir séjourné trop longtemps dans la mer morte, l’un des lieux fétiches de l’artiste israélienne. Une table d’écrans retransmet une petite fille qui s’amuse à déchausser des individus en réunion et les laisse en ronde à l’issue du parcours comme le rêve d’une destinée commune. Politique, contestataire, poétique et hypnotique. Dans la vidéo ci-dessus, l’artiste et le commissaire d’exposition Jean de Loisy (qui vient d’être nommé président du Palais de Tokyo) expliquent les dessous du projet. Le pavillon a d’ailleurs reçu le 3 juin la visite du Prix Nobel de la Paix, Shimon Peres.
DeadSee Sigalit Landau (Israël) 2005. di Gijeda
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